Accueil > Articles > Exposé fait en classe : la philosophie d’ Arthur Schopenhauer (par Léa L.)

Exposé fait en classe : la philosophie d’ Arthur Schopenhauer (par Léa L.)

Image de l'articleExposé fait en classe : la philosophie d’ Arthur Schopenhauer (par Léa L.)

Publié le 29/01/2024 à 00:00 dans Exposé des élèves

Arthur Schopenhauer, né le 22 février 1788 et mort le 21 septembre 1860, est un philosophe allemand du 19e siècle. Auteur de nombreux livres, notamment son œuvre principale : « Le monde comme volonté et comme représentation », il aura grâce à ses écrits, une grande influence sur de nombreux écrivains, philosophes ou artistes du 20e siècle. Schopenhauer s’intéresse principalement à la métaphysique (recherche ayant pour objet la connaissance de l’être et la nature fondamentale de la réalité), à la philosophie morale, à la philosophie de la connaissance (acte de prendre connaissance et à la religion. Il avait d’ailleurs comme influences principales Platon, Kant, Spinoza, l’Hindouisme, le Bouddhisme ainsi que de textes sacrés Indiens principalement le Védanta et les Upanishad. Intéressé également par la musique et l’esthétique, Schopenhauer n’en reste pas moins un philosophe que l’on pourrait qualifier de pessimiste. Le pessimisme étant d’abord un état d’esprit mais également un courant philosophique, basé sur des principes métaphysiques, qui affirme que le néant est préférable à l’existence car la vie est essentiellement une souffrance qui prédomine sur le bonheur.

Nous allons donc nous demander pourquoi Schopenhauer peut-il être considéré comme un philosophe pessimiste et pourquoi est-il un philosophe pessimiste.

Pour répondre à cette question, je vais commencer par vous parler de l’enfance de Schopenhauer et des expériences qu’il a vécu ; ensuite je vais vous parler de la thèse de Schopenhauer à propos de l’amour et de la souffrance ; puis j’aimerais vous parler des religions orientales, plus précisément du bouddhisme, comme étant une des grandes influences de Schopenhauer ; enfin je voudrais évoquer la théorie de Schopenhauer sur le « vouloir-vivre».

L’enfance de Schopenhauer :

Pour cette première partie, je voudrais vous montrer en quoi l’enfance de Schopenhauer a été le préambule à une série d’interrogations et de thèses profondément pessimistes.

En effet, à l’age de 15 ans, celui ci entreprend un voyage avec sa famille dans lequel il fait un tour d’Europe. Ce voyage va énormément le marquer et le troubler pour trois raisons principales. Tout d’abord, il se rend en France où il va apercevoir 600 bagnards condamnés aux travaux forcés ; il ressent là, pour la première fois, l’existence de la misère humaine et cela va profondément le troubler. Par la suite, il assiste à une fête du Mardi-Gras et c’est là qu’il va se rendre compte que c’est l’ennui qui rythme la vie des gens puisque les gens s’embêtent au point de se déguiser et de se divertir. Pour finir, Schopenhauer arrive en Suisse et se retrouve complètement subjugué par la beauté du Mont Blanc, il réalise alors que le seul moyen d’échapper à l’ennui et à la souffrance est par la contemplation.

De plus, en 1802, une tragédie se produit dans la vie de Schopenhauer. Son père est retrouvé mort, noyé. Schopenhauer et sa mère sont alors convaincus qu’il s’agit d’un suicide car le père de famille présentait de nombreux signes d’anxiété et de dépression en plus des problèmes de santé mentale qui existait déjà dans sa famille. Schopenhauer dira que qu’il aurait hérité de cette « vulnérabilité émotionnelle ».

Le bonheur et la souffrance selon Schopenhauer :

Maintenant pour cette deuxième partie, je voudrais vous parler de la thèse de Schopenhauer sur le bonheur et par extension sur la souffrance. J’aimerais ici illustrer sa sombre vision de la vie.

En effet, selon lui l’ennui est un véritable malheur de notre existence et une grande source de souffrance. Le problème étant que l’ennui nous fait agir mais ne nous mène pas au bonheur, les gens cherchent à tout prix à se divertir dans le seul but de contrer leur ennui qui les ronge. Seulement, le divertissement n’est que provisoire et ne fait pas disparaître nos souffrances. Il écrira d’ailleurs « se divertir c’est fuir au mieux possible l’ennui, ce n’est pas être heureux ». La condition humaine oscillerait constamment entre l’ennui et la douleur alors que le plaisir reste éphémère. Le divertissement ne serait en fin de compte qu’un « plaisir » purement négatif et illusoire : la souffrance serait masquée, cachée et finirait toujours par revenir voire à s’amplifier. C’est là, selon lui, la tonalité principale de l’existence humaine.

De plus, il pense également que les désirs qu’éprouvent les hommes provoquent de la souffrance (le manque) et la seule façon de sortir de cette souffrance serait de pouvoir satisfaire nos désirs. Cependant, le fait d’obtenir la satisfaction peut prendre du temps ou être serait décevante, pire encore, elle serait immédiatement suivie par la renaissance d’un désir nouveau si bien que le cycle infernal de la souffrance recommencerais. Schopenhauer écrira « le désir, de sa nature, est souffrance […] ; la possession lui enlève son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle ».

On en arrive alors à un autre problème : en effet, on pourrait imaginer que, vu que le désir trop longtemps insatisfait produit une souffrance intense, alors le fait de satisfaire nos désirs plus rapidement serait la clé du bonheur. Mais, selon Schopenhauer, cela n’est pas la solution car la satisfaction de nos désirs engendre une souffrance tout aussi forte qui est celle de l’ennui, l’ennui qu’on ressent lorsqu’on n’a plus rien à désirer. Le bonheur semble donc définitivement inaccessible, Schopenhauer dira également « aujourd’hui est mauvais et chaque jour sera plus mauvais jusqu’à ce que le pire arrive ».

Cependant, Schopenhauer semble tout de même nous offrir un début de solution pour tenter de mettre un frein à cette souffrance interminable, ce serait par la contemplation. Elle ne serait pas une activité comme le divertissement qui aurait pour seul but d’alimenter le cycle de la souffrance mais une véritable expérience de rupture du continuum de la souffrance. C’est l’idée de s’élever au dessus des soucis de la vie, une sorte de suspension qu’on réaliserait grâce à l’art, la musique ou grâce à la contemplation de la nature. On peut alors atteindre une sorte de « Nirvana », terme qui désigne l’expérience de la libération des souffrances, concept oriental qui découle notamment du bouddhisme, théorie qui a eu une grande influence chez Schopenhauer.

Schopenhauer et le bouddhisme :

En effet, dans cette troisième partie, je vais vous parler d’une grande influence de Schopenhauer, les croyances orientales et plus précisément le bouddhisme. Je voudrais vous montrer en quoi ces croyances ont en quelques sortes alimenté le pessimisme de celui ci.

En effet, tout semble commencer avec sa rencontre avec Frédéric Maier, un orientaliste, qui lui a parlé des textes qui forment la base de la religion hindoue, les Upanishad. Ces textes ont profondément émerveillés Schopenhauer qui dira qu’ils ont pu être une grande consolation dans sa vie. Schopenhauer admire également la figure de Bouddha et la religion bouddhiste, il écrira d’ailleurs : « Bouddha, Eckhart et moi même, nous enseignons pour l’essentiel la même chose ». On pourrait interpréter cette connexion par les nombreuses similarités qui existent entre la vie de Bouddha et celle de Schopenhauer. En effet, ils sont tout les deux issus d’une famille aisée et coupée du reste du monde jusqu’au jour où ils entreprennent un voyage en dehors de leur espace privilégié et découvrent alors la misère et la souffrance humaine. Cela aurait pu faire « écho » à Schopenhauer.

Le bouddhisme est une philosophie d’origine Tibétaine. Certains considèrent qu’il s’agit d’une religion « non-théiste » avec comme figure principale Bouddha. Elle n’est pas pour autant athée car des déités sont présentes mais ne sont pas vénérées. On retrouve d’ailleurs de nombreuses références à cette philosophie dans les écrits de Schopenhauer.

En effet, le livre « Schopenhauer et le bouddhisme » écrit par le philosophe et moine bouddhiste Bhikkhu Nyanajivako, alias Cedomil Veljacic de son nom serbe, fait un travail d’étude comparative de la philosophe de Schopenhauer et du Dharma de Bouddha. On y retrouve de nombreuses convergences tel que par exemple l’idée de transmigration qui fait référence à la réincarnation, l’idée de causalité universelle qui fait référence à la loi de cause à effet qu’on appel le karma et bien entendu l’idée de la souffrance omniprésente qui fait référence à la première des quartes nobles vérités bouddhistes (la vérité de la souffrance, la vérité sur l’origine des souffrances, la vérité de la cessation des souffrances et la vérité des voies et du Chemin menant à la cessation des souffrances). En effet, Schopenhauer a bien retenu le concept bouddhiste visant à dire que notre vie est faite de souffrances mais il n’a cependant pas évoqué l’idée de pouvoir en sortir en suivant les voies du bouddhisme et ainsi accéder au bonheur éternel, cela s’explique par le fait que Schopenhauer est athée et n’aurait donc pas pu pratiquer ces voies.

On peut également noter l’étude de L. Kapani qui démontre que, bien que Schopenhauer semble converger en de nombreux point avec la philosophie bouddhiste, de nombreuses divergences existent cependant entre la pensée orientale et celle de Schopenhauer. Elle montre que celui-ci a surtout, je cite, « trouvé une confirmation, voire une justification dans sa propre pensée dans le monde indien, qui a été pour lui un véritable miroir ». Elle écrit également qu’il s’est livré à, je cite, « une assimilation active et créatrice ajoutée à son apport personnel ». Elle considère cela comme, je cite encore, « un subtil et complexe processus de projection, justification et confirmation ».

En somme, bien que Schopenhauer ait ressenti une profonde connexion pour cette croyance bouddhiste, il y a surtout trouvé une justification et une confirmation à ses idées pessimistes qu’il avait déjà assimilé. En effet, les pensées de celui ci n’ont pas toujours pu retranscrire la nature véritable du bouddhisme. Comme le dit Kapani dans son étude, « le Bouddhisme n’est ni un pessimisme ni un optimisme mais une voie du milieu ».

L’amour et le « vouloir-vivre » selon Schopenhauer :

Pour cette quatrième et dernière partie, j’aimerais vous montrer comment ces croyances orientales ont influencés Schopenhauer par la suite grâce à sa théorie sur l’amour et le « vouloir-vivre ». Je voudrais également vous montrer encore une fois comment cette thèse présente de nombreuses idées pessimistes.

En effet, ces pensées orientales vont surtout l’influencer durant les 4 années qu’il va consacrer à l’écriture de son ouvrage « Le monde comme volonté et comme représentation ». C’est un livre dans lequel Schopenhauer prend les concept de volonté et de représentation qu’il développe.

Concernant la notion de représentation, il explique que comme chaque personne voit le monde à travers ses propres capacités mentales, personne ne voit alors véritablement le monde en soi : c’est le principe de la relativité que le bouddhisme aborde également.

Ici nous allons surtout nous concentrer sur la notion de volonté. Cette volonté, selon Schopenhauer, est un principe cosmique selon lequel tous les êtres vivants, hommes, animaux et plantes compris, sont traversé par une force vitale qu’ils suivent et qui les fait aller vers l’avant. C’est une sorte de désir aveugle que Schopenhauer appelle le « vouloir-vivre », une force qui nous pousse par exemple vers la reproduction sexuelle.

Il va développer ce concept de « vouloir-vivre » dans son chapitre « Métaphysique de l’amour » dans lequel il présente l’amour comme un sentiment entièrement déterminé par notre « vouloir vivre » et qui vise la reproduction biologique.En effet, selon lui le « vouloir-vivre » agit selon sa propre force : nous serions poussés par cette force par l’intermédiaire de notre instinct sexuel qui nous pousserait à avoir des enfants. Notre pensée consciente reconnaîtrait cela comme étant de l’amour alors que cet attachement trouverait son origine dans ce vouloir vivre purement déterminé. En somme l’amour n’est rien d’autre que l’expression de notre sexualité et de notre soumission aux lois de la biologie. Cela est une vision très pessimiste de l’amour qui fait en réalité écho à sa propre expérience auprès des femmes qui a été difficile.

Conclusion :

Pour conclure, nous pouvons maintenant comprendre en quoi Schopenhauer, grâce à ses nombreuses expériences et influences, peut être considéré comme un philosophe pessimiste selon les thèses et les idées qu’il expose dans ses écrits qui semblent refléter une vision négative de la vie. En effet, entre faux plaisirs, désirs insaisissables, attirances déterminées et souffrances éternelles : voilà quatre grands visages du pessimisme de Schopenhauer.

Article écrit par Éric Chevet