Accueil > Articles > Explication d'un texte de William James - Bonne copie de Céline B. TG1
Publié le 30/11/2022 à 21:35 dans Bonnes copies d'élèves
« Galilée nous a donné une horlogerie de précision, et nous lui devons la justesse de nos pièces d’artillerie ; les chimistes nous inondent de médicaments nouveaux et de nouvelles matières tinctoriales ; Ampère et Faraday nous ont dotés du chemin de fer souterrain de New York et du télégraphe sans fil de Marconi. Les choses hypothétiques que les hommes ont inventés, une fois définies avec rigueur comme ils sont parvenus à les définir, se montrent, de nos jours, prodigieusement fertiles en résultats vérifiables par les sens. De ces choses, notre logique peut- déduire telle conséquence certaine sous telles conditions : celles-ci, étant bien connues, nous pouvons les réaliser : et voilà qu’aussitôt surgit devant nos yeux la conséquence prévue !
Le pouvoir d’action que nous possédons maintenant sur la nature, grâce aux récentes conceptions scientifiques, dépasse infiniment celui que le sens commun avait mis autrefois dans nos mains. L’accroissement de ce pouvoir nouvellement conquis s’accélère dans de telles proportions qu’il est impossible de lui assigner une limite. On peut se demander s’il n’est pas à craindre que l’être même de l’homme ne soit écrasé par sa propre puissance ; - que sa nature, son organisme, devenu fixe, ne finisse par ne plus pouvoir soutenir l’extrême tension, l’essor toujours plus vertigineux, des fonctions créatrices, presque divines, dont son intelligence ne cessera de favoriser l’exercice et le développement ! Oui, l’homme pourra se noyer au milieu de ses richesses- pareil à l’enfant qui se noie dans son bain, lorsqu’après avoir ouvert le robinet, il est incapable de le fermer pour arrêter l’écoulement de l’eau ! »
William James, Le pragmatisme, 1907. Explication de texte sur Le pragmatisme de William James : copie de Céline B..
Le 20ème siècle est une période pendant laquelle beaucoup d’inventions ont été faites grâce à la science expérimentale. C'est pour cela que ce texte, écrit par le philosophe américain William James, extrait de l'œuvre Le pragmatisme, publié en 1907, aborde le thème principal de la science et de ses applications que permettent ses connaissances. La science se construit sur deux axes : une partie expérimentale (pour procéder à des expérimentations alors que l’on est dans le doute c'est-à-dire dans la recherche scientifique) et une partie théorique. Une expérience scientifique implique une interaction avec l'environnement destinée à vérifier une hypothèse dans le cadre d'une théorie réfutable. On pourrait donc définir la science comme un ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d'objets ou de phénomènes obéissant à des lois et/ou vérifiés par les méthodes expérimentales.
Le pragmatisme est la doctrine selon laquelle le vrai peut se reconnaître à son efficacité pratique. Autrement dit, le pragmatisme est une doctrine qui prend pour critère de vérité d'une idée ou d'une théorie sa possibilité d'action sur le réel. C'est une forme d'empirisme qui valorise l'action, l'efficacité, l'expérience, la mise en pratique et ce qui fonctionne réellement plutôt que des considérations abstraites ou théoriques. C’est pourquoi, en philosophie, l'expérience est un concept central du pragmatisme qui s’oppose aux doctrines idéalistes qui supposent une connaissance a priori. L'empirisme est la théorie philosophique selon laquelle la connaissance que nous avons des choses dérive de l'expérience.
Dans ce texte, l'auteur se pose la question suivante : l'avancée des sciences est t-elle toujours une bonne chose ? Ici, pour répondre à cette question, William James parle du fait que la science a des conséquences négatives et il effectue alors une certaine critique de la science. Pour nous faire comprendre son point de vue sur l‘avancée des sciences, il souligne que les hommes ont un pouvoir trop important sur la nature et que, malheureusement, ils risquent de la détruire. Il évoque aussi le fait que ce pouvoir n'aurait pas de limite et que trop de pouvoir finira par nuire à l'homme qui pourrait être écrasé par sa propre puissance. Dans le premier paragraphe, l'auteur énumère les différentes inventions créées grâce à l'avancée des sciences et nous prépare ainsi au deuxième paragraphe ( ligne 9 à la ligne 18 ) où il va effectuer une critique de l'avancée des sciences.
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Tout d’abord, William James commence par parler de Galilée, un mathématicien et un savant, qui a créé une « horlogerie de précision ». En effet, cet illustre savant découvrit les lois du pendule en chronométrant à l’aide de son pouls les oscillations d’un lustre de la cathédrale de Pise. Cette découverte allait permettre la réalisation des premières horloges à poids et à pendules ce qui fut une révolution pour l’époque. Galilée a aussi permis la justesse des pièces d'artillerie grâce à la précision des mathématiques. Ensuite, l’auteur emploie le verbe “inonder” pour parler des nombreux nouveaux médicaments créés par les chimistes, ce vocabulaire ayant là une connotation assez négative. Il semble ici que W. James commence déjà sa critique de la science et notamment de la chimie qui permit d'innover. A la ligne 3, il évoque Ampère et Faraday qui étaient des physiciens et des chimistes et qui ont créé le chemin de fer souterrain de New York et le télégraphe sans fil de Marconi. Le Chemin de fer clandestin (Underground Railroad, en anglais) était un réseau de routes, d'itinéraires et de refuges sûrs utilisé par les esclaves afro-américains fuyant vers la liberté au-delà de la ligne Mason-Dixon et jusqu’au Canada avec l'aide des abolitionnistes qui adhéraient à leur cause. La télégraphie sans fil, également appelée TSF et radiotélégraphie permit d'écrire à distance en utilisant des ondes électromagnétiques et fut l’invention de Guglielmo Marconi. L'Italien G. Marconi, en s'appuyant sur les travaux de Hertz, Branly et Popov, réalise en 1895 la première liaison télégraphique sans fil. Ici, l’auteur évoque plusieurs inventions qui ont nécessité la chimie, la physique (des sciences de la nature), ainsi que les mathématiques et la logique qui sont des sciences formelles. “Les choses inventées qui sont définies avec rigueur”, dont l’auteur parle, représentent donc les inventions néesde la science et “ces choses” furentà ses yeux “prodigieusement fertiles en résultats vérifiables par les sens”.
L’auteur souligne aussi que de ces avancées sont nées d'autres avancées et que cela est comme un cercle vertueux (par exemple le fait de réussir à manipuler et à contrôler l'électricité a eut énormement de conséquences ensuite, par exemple l’utilisation des téléphones portables). Autre exemple, le fait que Galilée ait inventé l'horlogerie de précision a produit plus de justesse dans la fabrication des pièces d’artillerie. Ensuite, il parle du fait que la logique humaine permet de “déduire telle conséquence certaine sous telles conditions". Cela veut dire que la pensée rationnelle permet à l'homme de déduire, de construire un raisonnement logique et cohérent. Par exemple, dans le cadre d’une expérience scientifique, on part du principe que les souris réagissent presque de la même façon que les humains et donc, pour tester un nouveau médicament, on l’injectera à une souris et on regardera comment elle réagit. Si elle n'est pas affaiblie par le médicament alors c'est une première expérience plutôt positive qui laisse penser que ce médicament pourrait être utilisé par l’homme tout en faisant, bien sûr, d’autres expériences par la suite.
Dans le deuxième paragraphe, l'auteur parle des conséquences négatives de l’avancée des sciences et il critique la science. Il commence par parler du pouvoir que les hommes ont sur la nature et il critique le fait que les hommes ont désormais trop de pouvoir à cause de la science. Celle-ci procède d’un désir de possession de la nature et permet de “dominer la vie par la prévision" comme le disait Max Weber. Le fait de dire que les hommes ont trop de pouvoir sur la nature grâce à la science revient à critiquer indirectement la science. En effet, la science est glorifiée par les hommes qui, grâce à elle, ont beaucoup de pouvoir sur la nature mais alors ils la détruisent aussi de jour en jour et cela se voit désormais du fait de la pollution créée par l’homme à cause des voitures, des usines pour la consommation de l'humain. À cause de la pollution, on détruit la nature et de nombreuses plantes et animaux sont en voie de disparition ou d’extinction. L’homme détruit aussi la nature en faisant de la pêche intensive ce qui entraîne la disparition de poissons. Il parle du fait que l’homme grâce aux nouvelles inventions (les "récentes conceptions scientifiques" l9 ) a trop de pouvoir entre les mains. William James écrit que “le pouvoir qui est dans nos mains dépasse celui que le sens commun avait mis autrefois dans nos mains”. Le sens commun fait référence à des opinions, des croyances, et des perceptions largement partagées au sein d'une organisation sociale donnée. Il parle du fait que le pouvoir de l'homme est beaucoup trop conséquent par rapport à avant, qu’il a évolué beaucoup trop vite et en trop grande quantité. Ensuite, il évoque le fait que l’accumulation du pouvoir s'accélère dans de trop grandes proportions, que cet accroissement de pouvoir va trop vite et que l'homme en veut toujours plus, c'est-à-dire qu'il souhaite inventer plus d’innovations pour améliorer le quotidien(une innovation désigne l'introduction sur le marché d'un produit ou d'un procédé nouveau ou significativement amélioré par rapport à ceux précédemment élaborés par l'unité légale). Les hommes veulent toujours plus de progrès techniques pour accroître le processus de production des biens et des services. Le développement des “nouvelles technologies” est tel que l'on parle de progrès comme d’un fait irréversible.
Ce progrès est tel que désormais, les hommes rêvent de transhumanisme qui est le courant de pensée selon lequel les capacités physiques et intellectuelles de l'être humain pourraient être accrues et dépassées grâce au progrès scientifique et technique. Autrement dit, le transhumanisme est un mouvement qui, en s'appuyant sur les progrès de la biologie ( science de la nature ) et de l'intelligence artificielle, défend l'idée de transformer ou dépasser l'homme pour créer un post-humain, ou un transhumain, aux capacités supérieures à celles des êtres actuels. On voit ici que l’homme est encore scientiste et adopte encore cette attitude philosophique consistant à considérer que la connaissance ne peut être atteinte que par la science et que la connaissance scientifique suffira à résoudre tous les problèmes. Mais on peut en douter en disant que la science n’a pas réponse à tout car elle ne répond pas à la question de ce qui est bien ou mal ou de ce qui est éthique ou non. W. James écrit que le pouvoir n’a plus de limites, c'est à dire que les hommes consomment de plus en plus et que donc ils produisent en conséquence ( en très grande quantité ). De plus, l'auteur écrit “il est à craindre que l'être même de l’homme ne soit écrasé par sa propre puissance“ ( l13 ), ici, il parle du fait que l'homme va se faire dépasser par la science et ses propres inventions techniques. Autrement dit, la science et la technique vont prendre le dessus sur l’homme : les machines créées grâce aux sciences dépasseront et domineront les hommes. On peut se dire que William James avait une vision assez futuriste car aujourd’hui nous nous inquiétons sur le fait que les machines, les robots pourraient un jour prendre le dessus sur les humains. Nous nous demandons même s’il faut avoir peur du progrès scientifique et donc de la science. Par exemple, de nos jours, beaucoup d'emplois sont remplacés par des machines, ce qui laisserait à penser qu'effectivement les inventions créés grâce aux sciences sont en train de dépasser l’homme et de prendre sa place. Ensuite, Il parle “d'un essor toujours plus vertigineux“, c'est-à-dire de l’envie des hommes de créer toujours plus. Il évoque également le fait que la science et la consommation des hommes poussent constamment à l'innovation et à la création de nouvelles machines, de nouveaux produits. On le comprend quand il écrit qu’il est question de toujours “favoriser l’exercice et le développement" (l15-16 ). Mais alors “oui, l’homme pourra se noyer au milieu de ses richesses”, ce qui veut dire que l’homme en créant des inventions qu'il commercialise peut en tirer des bénéfices mais que cette production d’invention risque fort d’avoir des effets négatifs. L'auteur sous-entend que l’homme aura l’avantage de la richesse mais, qu'à côté de cela, la nature sera détruite par exemple. Pour finir, il critique la science grâce à une métaphore marquante, par cette image d’un bébé mourant : “pareil à l'enfant que se noie dans son bain, lorsque après avoir ouvert le robinet, il est incapable de la fermer pour arrêter l'écoulement de l’eau”, l’homme risque de se noyer dans ses propres inventions. Ici, il y a l’idée que l’homme est pris dans un engrenage qu'il ne peut pas arrêter, c'est-à-dire dans le fait de toujours plus consommer et de toujours plus créer sans se préoccuper des impacts négatifs comme la pollution ainsi que le destruction de la nature.
On pourrait dire qu'à cette époque ( en 1907 ), les gens étaient favorables à la science qui pouvait améliorer le quotidien de la vie mais William James avait une vision plutôt futuriste : il voyait déjà l’impact et la portée négative que la science et la technique allaient avoir dans le futur. Dans cet extrait, l’auteur nous fait comprendre qu’il a un avis assez négatif sur « le progrès » car il pense que celle-ci a de nombreuses conséquences négatives. Même si nous pouvons dire que malgré tout la science a bel et bien des avantages comme le fait de pouvoir sauver des vies grâce aux médicaments créés par la chimie, il est vrai que de nombreux points négatifs surgissent aussi. Il serait intéressant de reconsidérer ce débat en prenant compte de nouvelles informations, c'est-à-dire des nouvelles inventions, des nouvelles technologies et des avancées obtenu au 20 et 21ème siècle en nous demandant si la science est une bonne chose ou non. Ainsi, nous pourrions peser le pour et le contre en prenant des arguments selon lesquels la science a eu des conséquences positives ou négatives sur le monde ou sur l'humanité.
Céline B. TG1