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Publié le 12/09/2024 à 12:00 dans Bonnes copies d'élèves
SUFFIT-IL D’AVOIR LE CHOIX POUR ETRE LIBRE ?
Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ? A première vue, on est tenté de répondre que le choix serait une démonstration de notre liberté. La liberté est un pouvoir d’autonomie qui nous permettrait d’échapper aux influences et aux conditionnements qu’ils soient internes ou externes. Être libre, c’est pouvoir agir et penser par soi-même, par sa propre volonté (pouvoir aller à l’encontre de nos habitudes, par exemple, ou de nos désirs, de notre éducation) sans qu’aucune force ne nous détermine complètement. Ici, la liberté est avant tout un pouvoir d’initiative avant d’être un pouvoir d’action : elle responsabilise l’homme moralement et juridiquement. Cependant, des choix peuvent être effectués parce que l’esprit est influencé (ou déterminé) sans en être conscient. En effet, l’existence d’un inconscient psychique semblerait aller à l’encontre de l’hypothèse d’une volonté complètement libre. Cette thèse nous invite à penser qu’il n’y a pas de hasard dans nos choix, ces derniers pouvant suivre en réalité des pulsions (ou désirs) dont nous n’avons pas conscience. Si l’on tient compte du principe du déterminisme selon lequel rien n’arrive sans cause, penser qu’avoir le choix est suffisant pour être libre serait alors une illusion. On est alors amené à se demander si le fait d’avoir le choix et de faire usage de notre libre arbitre est une condition suffisante pour être libre. Nos choix ne sont-ils pas plutôt influencés par des déterminismes inconscients ?
Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que le choix peut être considéré comme l’expression d’une forme de liberté. Nous verrons ensuite que des choix peuvent cependant être fait pour des raisons ignorées du sujet ; enfin, nous nous demanderons si le choix, lorsqu’il devient un engagement et se confronte à des formes de résistances, n’est pas l’expérience même de la liberté.
On peut d’abord constater que le choix est fait d’une manière consciente et selon Bergson, « la conscience est synonyme de choix ». Or, la manifestation de la conscience serait une des premières choses à observer si l’on cherche les indices de l’existence de la liberté humaine. Même si cette conscience s’impose à nous ( on ne décide pas de reprendre conscience à notre réveil) elle serait le signe même de l’existence de notre libre-arbitre : lorsque la conscience est active, en tant que mouvement vers le monde et représentation du monde, elle est à la racine de nos actes libres. En tant que sujet qui pense, je dispose donc d’un libre-arbitre et je ne suis pas réductible à un simple objet soumis aux lois du monde. Ainsi, la conscience n’est pas passivité mais activité et projet ; elle devient une transcendance capable d’être en rupture avec le monde des choses. Par la pensée, je fais alors de moi l’expérience d’un être qui doute et qui hésite, qui se place au-delà de lui-même. Ainsi l’homme n’est pas comme un animal qui agit par instinct mais il invente par sa raison sa propre conduite.
C’est pourquoi, selon Bergson, le simple fait d’être conscient est déjà le signe d’une rupture avec le déterminisme : l’homme injecte alors une certaine dose de choix dans sa conduite en la pensant. De plus, le choix vient produire en nous un doute qui atteste, comme le souligne Descartes, de l’existence de la liberté : « La liberté de notre volonté se connaît sans preuve par la seule expérience que nous en avons », souligne-t-il. On peut comprendre que la liberté irréductible de notre esprit se manifeste par notre capacité à pouvoir tout mettre en question. Ainsi, le doute maîtrisé manifeste une liberté irréductible de l’esprit capable de mettre à distance ses préjugés pour s’en affranchir. L’esprit critique (philosophique) manifeste alors une puissance de résistance qui signifie la liberté. Si je pense c’est que je suis libre, c’est que je suis un sujet susceptible d’annuler le mécanisme de la croyance et de la certitude. L’idée d’une pensée maîtrisée viendrait donc contredire l’hypothèse d’un déterminisme de la pensée : le simple fait de prendre conscience du déterminisme, de le questionner, de le penser n’est-il pas déjà une manière de le mettre à distance et de s’en échapper ?
Si l’on admet ce raisonnement cartésien, nous avons donc de fortes raisons d’admettre l’existence du libre-arbitre conçu comme capacité que nous avons de prendre une décision et de faire un choix, capacité de nous décider en dehors de toute contrainte, d’agir même si nous n’avons aucune raison de vouloir agir. La liberté dont il est alors question est alors la gratuité par laquelle nous pouvons choisir une chose ou son contraire indifféremment. Le choix commence d’abord par un sentiment d’incertitude, par une forme d’hésitation entre plusieurs possibles. Mais quand bien même certaines raisons me pousseraient à vouloir faire telle ou telle action, il me semble aussi que j’aurais pu agir autrement (les choix de mon existence auraient pu être autres). La volonté humaine semble ici contenir une part de contingence, d’indétermination qui produit de l’irrésolution. Le choix implique donc ici le fait qu’il aurait pu être différent : une personne peut agir pour certaines raisons mais ces raisons ne l’emprisonnent pas. Quels que soient les éléments qui nous poussent à faire un choix, nous aurions pu choisir autrement (même sans raison) et c’est pourquoi nous sommes libres. Autrement dit, les raisons d’agir nous orientent mais ne nous contraignent pas. La liberté de notre volonté se manifeste donc par cette gratuité et cette contingence de la volonté. On peut agir sans raison et même agir à l’encontre de notre raison de façon purement arbitraire (acte gratuit). Le libre- arbitre serait donc la forme la plus pure de notre liberté par laquelle le sujet manifeste son pouvoir de décision. L’acte gratuit, donc le fait de pouvoir agir sans motif décelable serait donc un bon argument en faveur de l’idée de liberté et le sentiment d’absurdité qui accompagne ce type d’acte viendrait renforcer cette idée. Dans le roman d’André Gide, Les caves du Vatican, lorsque le personnage Lafcadio décide de pousser quelqu’un par la fenêtre d’un train sans raison, il ferait ainsi la démonstration la plus folle de sa propre liberté.
Cependant, cette possibilité de faire des choix sans raison ne serait pas la meilleure manière de montrer ce qu’est la liberté. Tout d’abord, même si nous partons du principe qu’il existe des actes purement gratuits (marcher dans un endroit plutôt que tel autre dans la rue), on peut toujours s’interroger sur les raisons qui sont susceptibles d’expliquer ces choix et qui sont peut-être inconscientes. Mais à supposer qu’aucune raison ne détermine mon choix et ma prise de décision et que je suis capable d’agir sans raison (je peux prendre un chemin plutôt qu’un autre à un carrefour alors que je suis perdu en forêt par exemple), malgré tout, ce type de choix révèle d’abord une forme d’ignorance et d’insignifiance : si des actes gratuits sont possibles, ils devraient être surtout appelés des « actes indifférents » car ils révèlent une absence de motivation. Ils révèlent donc certains défauts : un manque de connaissance de notre part plutôt qu’une perfection de notre volonté. Même si des actes gratuits peuvent être des signes de notre liberté, (ils démontrent le fait que nous pouvons agir sans raison), ils peuvent être considérés comme une simple liberté d’indifférence qui est, selon Descartes, « le plus bas degré de la liberté ». Si le choix est fait « à l’aveugle », sans connaissance des raisons pour lesquelles nous devons agir, il n’a aucun sens pour nous et ne fait que révéler une indifférence dans laquelle se trouverait notre volonté lorsqu’elle ne sait pas vers quoi s’orienter, ni quoi décider. Cette indétermination est peut-être possible mais elle ne révèle qu’une forme inférieure de liberté, une liberté arbitraire. Notre volonté n’est-elle pas vraiment libre lorsqu’elle est éclairée par des raisons et des jugements par lesquels elle peut se donner des buts ? Alain disait : « sans jugement, point de liberté ». Cela laisse penser que l’indifférence n’est qu’un niveau subalterne de décision mais qu’il existe un niveau supérieur d’action : des choix conscients, effectués après une réflexion.
Cette forme supérieure de liberté peut certes être accompagnée d’angoisse : les philosophes existentialistes comme Kierkegaard, utilise cet argument en faveur de l’idée de liberté. Dans Le Concept d’angoisse, ce philosophe écrit que « l’angoisse est le possible de la liberté ». Cette idée est d’ailleurs reprise par Sartre dans l’Existentialisme est un humanisme : l’idée est de montrer que la liberté implique des choix qui rendent l’homme responsable mais que ce dernier peut éprouver des difficultés à choisir et à assumer la responsabilité d’avoir à choisir. Ainsi la liberté peut peser lourd sur les épaules des hommes : plus la responsabilité est grande, plus le choix peut avoir des difficultés à trancher entre plusieurs possibles. C’est pourquoi la liberté n’est pas toujours joyeuse : elle peut être vécue comme un fardeau. Cette hypothèse de l’angoisse reprise par Sartre montre en tous les cas que ce sentiment est révélateur de notre liberté et il confirme l’idée qu’il y a un lien entre responsabilité et liberté.
On a donc pu voir que la conscience permet de rompre en partie avec les déterminismes et c’est pourquoi « conscience est synonyme de choix », comme le dit Bergson. Cette capacité de faire des choix peut nous conduire à agir sans raison et cela est encore une forme de liberté mais qu'il ne s’agit là que d’une forme inférieure de liberté qu'il faut distinguer d'une forme supérieur de liberté plus élevée qui impliquerait une réflexion. L’angoisse révèle finalement cette liberté parce que nos choix peuvent être lourds de conséquences.
Cependant, nous verrons que nos choix peuvent être déterminés par des raisons que nous ignorons. On peut revenir sur les actes gratuits (révélateur d’une liberté d’indifférence) en pensant que ces actes sont déterminés par des motifs inconscients : ce n’est pas parce qu’un acte semble sans motif ou sans cause qu’il n’en a pas en réalité : il peut y avoir une certaine illusion de la gratuité ; en effet, avec les théories de l’inconscient et notamment avec la théorie de Freud, il est possible de penser que nos actes ne sont jamais effectués au hasard ou de façon purement « libre » car la véritable cause de ces actes peut être inconsciente. Les théories de l’inconscient proposent une nouvelle vision de l’homme et de sa vie psychique dont l’essentiel devient inconnu. Une partie de nous-même nous détermine, nous échappe, et œuvre à notre insu. Par cela, une partie importante de nos désirs, de nos sentiments, de nos souvenirs est ignorée du sujet et cela peut l’influencer, ce qui pose le problème de la connaissance de soi. L’homme en tant que sujet est-il capable de comprendre et de saisir le contenu de son esprit ou est-il à jamais inconnu de lui ? Chacun est-il pour lui-même « le plus lointain » comme le disait Nietzsche ? Cette hypothèse de l’inconscient va remettre en cause la lucidité sur nous-mêmes (« je est un autre » disait Rimbaud) et révéler l’illusion de toute forme d’introspection (observation de soi par soi). Mais cela remet aussi en cause la souveraineté sur soi. Si une bonne partie de ma personnalité est inconsciente, ne suis-je pas conditionnée dans mon comportement par des forces obscures et psychiques que j’ignore ?
Freud a le mérite d’éveiller notre conscience au monde de l’inconscient et de nous apprendre que l’esprit humain est beaucoup complexe et profond que ce que la philosophie classique du sujet ne le suggère : le moi n’est pas aussi claire et limpide que ce qu’on pouvait le penser ( la conscience claire à elle-même) parce qu’il est fragmenté. L’homme serait donc gouverné par des processus dont il n’est pas l’agent qui nous poussent à agir et c’est pourquoi on peut donner à nos actions et à nos choix des motifs inexacts. Ainsi, la psychanalyse est une théorie de l’illusion sur soi (la conscience de soi n’est pas forcément la connaissance de soi). Si, dans la tradition classique, le sujet est présenté comme un être rationnel et maître de soi, avec Freud, l’homme devient habité et dominé par des pulsions et des désirs plus vastes que le moi conscient. Il y a d’ailleurs en l’homme un arrière-fond de cruauté toujours prêt à ressurgir et c’est le rôle de la culture que d’endiguer ces énergies pulsionnelles afin de canaliser leur violence potentielle.
On peut donc supposer que si le sentiment d’être libre est bien réel ( si nous avons l’impression de faire nos propres choix librement), la connaissance des causes qui nous poussent à agir, elle, n’est pas forcément claire. Certains vont même jusqu’à supposer l’existence d’un déterminisme intégral (un fatalisme) selon lequel tous les évènements se suivent selon une nécessité stricte et causale. Spinoza, dans l’Ethique, applique par exemple le principe de causalité à toute chose (le principe de raison suffisante). Il opte ainsi pour une position déterministe : dans le monde physique, tous les évènements s’enchaînent selon un rapport strict de causalité. Selon lui, les hommes se trompent donc en ce qu’ils se croient libres car ils ont conscience de leurs actes mais ils ignorent les causes qui les déterminent. Ici Spinoza applique le principe de déterminisme à toute chose y compris à nos existences et il est impossible à l’homme d’échapper à l’enchaînement naturels des phénomènes (la totalité de la nature). Le sentiment d’être libre repose donc sur une ignorance : c’est le résultat du jeu de l’imagination qui produit l’illusion que l’homme serait capable d’échapper aux lois du monde et à son déterminisme. La volonté humaine ne peut diriger le cours des choses qui sont préalablement fixées (un enchaînement naturel dans lequel chaque phénomène est condition par le précédent et ainsi de suite, selon le principe de causalité). Les sciences de la nature, par exemple, essayent de dégager les lois régissant l’univers. Elles essayent de découvrir les déterminismes qui sont à l’œuvre dans notre réalité y compris biologique (les neurosciences peuvent alors considérer que la pensée est une production du cerveau qui suit, elle aussi, un mécanisme physiologique). Les sciences de l’homme peuvent aussi faire émerger des déterminismes : la sociologie, par exemple celle de Pierre Bourdieu, avec sa théorie de l’habitus, peut montrer que notre manière d’être (de s’habiller, de manger, de parler, sont conditionnés par des facteurs culturels et sociaux.
On comprend donc que le choix ne reflète pas toujours notre liberté au sens où nos choix sont très souvent influencés par des causes extérieures à notre volonté (voir aussi l’hypothèse freudienne d’un inconscient).
On peut ainsi penser, pour finir, que le choix n’est pas suffisant pour être libre. En effet, nous verrons que pour l’être il faut en passer par une meilleure connaissance de soi, par l’expérience de l’engagement et par la confrontation à ce qui nous résiste.
On peut penser que la thèse de Freud nous dit que nous sommes condamnés à subir des processus étrangers à jamais ignorés par le sujet. Cependant, Freud cherche justement à éclairer cette partie sombre de nous et nous donner des moyens d’étude afin de mieux nous connaître, afin de pouvoir guérir via une méthode psychanalytique. L’idée freudienne rejoint donc le principe de la philosophie classique celui par lequel la connaissance de soi peut accroitre le pouvoir sur soi-même. En plus, la thérapie vise à devenir un processus de libération pour le sujet en plus d’être une compréhension de soi. La psychanalyse ne nie donc pas la liberté mais exige que celle-ci soit le résultat d’un travail. La psychanalyse reconnaît en l’homme un pouvoir d’interprétation de ses propres déterminismes et cet effort, par lequel la conscience parvient à saisir ce qu’il y en an soi d’inconscient permet de mieux maîtrisé ce qui est refoulé. Même si notre conscience ne connaît pas toujours les raisons, les motifs de nos choix, même si la conscience n’est pas toujours à la racine de nos actions, c’est encore par la conscience que l’individu peut se rendre compte de ce qui le traverse à son insu : cette compréhension de soi est donc libératrice et permet un plus grand contrôle de notre personnalité. Paul Valéry disait ; « La conscience règne mais ne gouverne pas ». Il est nécessaire de faire cette distinction entre gouverner (édicter ses propres lois) et se réapproprier en les assumant les lois dont on n’a pas eu l’initiative. Ainsi, la conscience peut réapprendre à gouverner par la connaissance de soi. En somme, si l’on voulait ne plus être gouverné par une énergie pulsionnelle, il faut commencer par connaître cette pulsion et, à partir de là, atteindre une liberté plus grande.
Ensuite, le fait de suivre des règles morales, des obligations telle que « tu ne mentiras point », semble être une contrainte qui fait obstacle à notre liberté. Mais cette expérience morale (agir en fonction du bien et du mal) n’est-elle pas elle-même le propre d’un être libre ? La liberté est aussi le projet de celui qui se fixe un but et qui agit pour l’atteindre. La liberté n’est donc pas le refus de toute loi, un refus d’obéissance, mais c’est aussi se donner à soi-même ses propres principes d’action et agir en conformité avec eux, et au final, avec soi-même. Certes, être libre c’est aussi la possibilité de se trahir et de renoncer à son engagement (les mariages peuvent finir par un divorce malgré les promesses de s’aimer à vie), mais l’acte de s’engager est une manière d’obéir à ses propres lois. La formule de Rousseau « La liberté est l’obéissance à la loi que s’est prescrite soi-même » peut aussi éclairer la situation d’une personne fidèle à ses propres valeurs. La liberté peut entraîner une destruction de l’engagement (elle peut conduire à la trahison) mais l’acte de s’engager n’est pas initialement une expérience illusoire : elle peut être pensée comme une expérience révélatrice de la liberté : le choix est d’autant plus libre qu’il est éclairé par des valeurs.
Enfin, la liberté se manifeste par l’expérience que nous pouvons faire du déterminisme : une liberté qui serait absolue n’a guère de sens car agir c’est toujours se confronter à des résistances et des conditions qui nous limitent. Un acte libre est toujours un acte environné par des déterminismes et entre lesquels il faut trouver une marge de manœuvre. La liberté n’est donc pas l’expérience de la toute puissance par laquelle je voudrais imposer à la nature ma volonté, c’est l’art de jouer avec ce qui me résiste pour que je puisse me frayer un chemin dans ces obstacles. Selon Hans Jonas, dans le Concept de Dieu après Auschwitz, la liberté est une puissance relative qui se détermine par rapport aux résistances qu’elle rencontre. Un acte libre est donc un acte en situation et n’est jamais le fait d’un pouvoir absolu (il faut trouver une marge de manœuvre parmi les déterminismes). On peut alors penser que la sensation de résistance à notre volonté n’a de sens que pour une conscience qui, parce qu’il y a en elle une liberté préalable, peut donner un sens aux limites qu’elle rencontre et qu’elle définit elle-même comme obstacle. La liberté n’est pas l’indépendance et c’est paradoxalement la sensation de résistance à des limites qui la révèle. L’hypothèse de la liberté n’offre pas de certitude vérifiable, mais certaines expériences ont tendance à nous faire penser que la liberté n’est pas une pure illusion. Le recours aux arguments moraux semble donc être la meilleure expérience pour plaider en faveur de la liberté. L’homme se définit comme étant un être de raison, capable de suivre ses valeurs, agir selon une certaine idée du bien et du mal et c’est en cela qu’il est libre. Toutes ces valeurs morales n’auraient aucun sens si l’homme n’était pas d’abord libre. C’est l’idée que Saint Thomas soutient : « L’homme possède le libre arbitre sans quoi les conseils, les exhortations, les préceptes, les défenses, les récompenses et les châtiments seraient vains ».
Pour conclure, nous avons donc vu que le choix permet d’être libre. Pour cela, on a montré que cette liberté de choix (libre arbitre) se révèle à travers l’expérience des actes gratuits, et que cette liberté peut générer de l’angoisse. Cependant, on a ensuite découvert que des choix qui paraissent indéterminés ne reflètent pas toujours la liberté en ce qu’ils pourraient être inconsciemment déterminés. L’homme peut qu’il suffît de choisir pour être libre alors qu’il serait déterminé sans le savoir. Nous avons vu alors, que si nous admettons l’hypothèse de l’inconscient, il est nécessaire de trouver des moyens d’études de ces phénomènes (Rêves, hystérie, hypnoses) pour mieux nous connaître et que notre conscience réapprenne à gouverner. Un choix moral (orienté par des valeurs) permet d’être aussi libre : croire en la liberté c’est croire en la possibilité d’un dépassement de soi pour parvenir à être celui qu’on pense devoir être. Ce choix nous confronte alors à des résistances qui paradoxalement révèle notre liberté. Tous les choix ne permettent donc pas d’être libre de la même manière : les choix moraux, notamment, fait par la conscience en connaissance de cause, le sont pleinement.