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La science a-t-elle le monopole de la vérité? bonne copie de Chloé D.

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Publié le 14/05/2024 à 11:00 dans Bonnes copies d'élèves

« La vérité scientifique sera toujours plus belle que les créations de notre imagination et que les illusions de notre ignorance » disait Claude Bernard, médecin, physiologiste et épistémologue français. Claude Bernard nous explique que la vérité scientifique a le pouvoir de contrer l’ignorance des hommes et de les instruire. La science surpasse l’image que nous nous faisons de la réalité, elle empêche les hommes de se bercer d’illusions et elle les confronte au réel. En cela, la science est mise au centre de la découverte de la vérité et serait alors le moyen par le biais duquel l’homme serait en mesure d’accéder à la vérité. La science se définit comme l’ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d'objets ou de phénomènes obéissant à des lois et/ou vérifiés par les méthodes expérimentales. La science embrasse plusieurs disciplines, telles que la physique, la chimie, les mathématiques ou encore la biologie. Les scientifiques ont toujours eu les moyens de montrer aux hommes l’étendue de leur génie, ce qui leur a permis d’atteindre la vérité. Il semblerait alors indéniable d’affirmer que la science aurait le monopole de la vérité et qu'elle seule aurait le privilège exclusif de la posséder. On peut définir la vérité comme une connaissance qui serait conforme au réel. La vérité ce n’est donc pas la réalité mais le résultat d’un accord entre l’esprit et le réel, la relation d'adéquation ou de correspondance entre la pensée et ce qui est, entre l'idée et la chose. C’est une connaissance reconnue comme exacte, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur. La vérité s’oppose à l’erreur, à l’illusion, à l’ignorance et au mensonge et elle permet à l'homme d'éprouver un sentiment de certitude. Toutefois, même si la science apparaît comme le lieu où est susceptible de se produire la vérité, le discours scientifique est t-il vraiment le seul type de discours capable de vérité ? La science est-elle la seule à pouvoir nous dire ce qui est vrai ou non ?

Nous nous demanderons, bien que la science nous permette d’accéder à la vérité, s'il existe aussi des vérités non scientifiques, la complexité du sujet réside aussi dans le fait que la vérité n’appartient peut-être à personne et qu’aucun individu ne peut prétendre se l’approprier définitivement. Nous allons donc explorer différentes perspectives et soulever divers enjeux: de quelle manière la science permet-elle la découverte de la vérité ? Sur quoi se fonde t-elle pour se proclamer diseuse de la vérité ? Comment la science, quelle qu’elle soit, permet-elle d’être à l’image du réel ?

De prime abord, la science semblerait avoir l’exclusivité de la vérité. Cette conception attribuant à la science le monopole de la vérité porte un nom dans l’histoire des idées, qui est le scientisme. Selon ce courant philosophique, la science est la seule forme de connaissance rationnelle véritable et nous donne accès à la connaissance. La science a le pouvoir de nous détacher de nos opinions et croyances, ce que nous pensons être vrai. Grâce à la science, nous pouvons donc rejeter nos visions subjectives au nom d'un modèle scientifique et certaines idéologies telles que la religion ne peuvent se prévaloir d’instruments aussi objectifs que la science ; la religion enracine les individus dans une culture qui peut les entrainer dans l'illusion. L’objectivité scientifique surpasse alors les illusions religieuses et les images du monde totalement fausses et c’est pour cette raison que la science constituerait la matrice de la vérité. La science nous offre une vérité objective, distincte de toutes les opinions fondées sur des principes religieux. Les découvertes de Galilée, rejetant les croyances religieuses établies, ont marqué un tournant décisif dans notre compréhension de l'univers et ont été le moteur d’une très grande avancée scientifique. Avant l’arrivée de Copernic et de Galilée, nous avons toujours cru que la Terre était immobile au centre de l’univers. Cette théorie du géocentrisme fut défendue par l'église catholique. Grâce à l’invention et l’amélioration de la lunette astronomique, Galilée a pu faire certaines découvertes. Sa lunette astronomique lui a permis d’observer des phénomènes célestes incompatibles avec la théorie géocentrique. Ainsi, les découvertes de Galilée ont été les fondements de la physique moderne et ont permis de remettre en question les croyances de l’époque. C’est à ce moment-là, de l’histoire des sciences, que nous avons compris que la religion ne pouvait pas s’établir comme un critère de vérité mais que la science disposait de méthodes nous permettant donc de réfuter certaines théories ; les théories religieuses se trouvent donc impossibles à vérifier et parfois même sont infondées tandis que les théories scientifiques, vérifiables par l’expérience, nous ouvrent la porte de l’accès d'une connaissance vérifiée.

Pour compléter, on peut dire que la science nous permet également de tracer une limite claire entre la doxa (l’opinion) et l'épistémè (le savoir et la connaissance). De nombreuses opinions contestent certaines théories scientifiques, à tel point que certains individus se posent en défenseurs d’une vérité dénuée de tout fondement, au nom de leurs croyances, conférant à la science un statut de menteuse. Ainsi, les platistes sont persuadés que la Terre est plate et refusent de croire les faits scientifiques qui affirment, au contraire, que la Terre est ronde. Des images ont été prises dans l’espace, témoignant de la rotondité de la Terre, des observations d’Aristote de l’éclipse lunaire nous ont fourni une preuve scientifique affirmant que la Terre est ronde tout comme les expériences d’Eratosthène qui ont fixé définitivement que la Terre était ronde. Ces expériences et ces observations viennent contredire les personnes qui attestent de la platitude de la Terre. Ces faits que la science s’est évertuée et s’évertue encore de présenter comme vrais infirment donc toutes les opinions que l’on peut avoir sur le sujet. Il en est de même pour les climatosceptiques qui pensent que le réchauffement climatique n’existe pas malgré les multiples expériences scientifiques qui nous donnent les causes du réchauffement climatique et qui démontrent que les activités humaines sont à la source de son accroissement. L’élévation du niveau des mers, l’augmentation de la température, la fonte des calottes glaciaires nous montrent que le réchauffement climatique n’est pas un leurre. De plus, la science est formelle : les activités humaines sont la principale cause du réchauffement climatique observé depuis les 150 dernières années. Ces activités sont génératrices de fortes émissions de gaz à effet de serre, ce qui perturbe le climat. Il s’agit principalement de la production et de la consommation des énergies fossiles telles que le pétrole, le charbon et le gaz, ce qui a été mis en évidence dans un le 6ème rapport du GIEC.La science œuvre pour nous prouver que le réchauffement climatique est présent et qu’il est de plus en plus important. Ainsi dans la mesure où la science se propose de réaliser une connaissance qui dépasse la sphère de la subjectivité, nous pouvons alors affirmer, qu’elle seule constitue un « vrai savoir ». La science s’appuie sur des expériences qui permettent de transcender les opinions individuelles et nous permet donc de mettre en cause nos préjugés et nos superstitions et dès lors, la science paraît légitimée dans sa quête de la vérité, de part la réussite des expériences.

En outre, les sciences humaines et sociales, ces disciplines vouées à l’étude de l’humain, peuvent nous octroyer un semblant de vérité en ce qui concerne le monde qui nous entoure. Ces sciences vont nous expliquer divers phénomènes sociaux, pourquoi telles ou telles choses se produisent dans nos sociétés, tout en essayant d’identifier leurs causes et leurs conséquences telles que les inégalités. Les sciences sociales visent à révéler et dévoiler l’homme dans toute sa richesse, diversité et complexité et apporter des vérités sur lui. Nous pouvons à ce titre citer la théorie de Pierre Bourdieu sur l’inégalité des chances à l’école, une théorie expliquant que le destin scolaire est inévitablement lié au statut professionnel des parents et à leur socialisation. Selon lui, l’école joue un rôle central dans la reproduction des inégalités sociales car les enfants de cadres et de la bourgeoisie réussissent beaucoup mieux que les enfants de catégories populaires et on parle donc d’inégalité des chances. A cause de la socialisation différentielle selon le milieu social, les élèves sont inégaux en termes de capital culturel, l’ensemble des ressources transmises par la famille, comme la maîtrise de la « bonne » langue française, la « culture générale », la lecture et d’autres pratiques et ressources culturelles qui vont être valorisées à l’école. Sous l’effet de la socialisation différentielle selon le milieu social, les classes favorisées transmettent à leurs enfants les bonnes dispositions pour réussir à l’école tandis que les dispositions des classes dominées sont mal adaptées à la réussite scolaire, voire sont rejetées par l’école. Ainsi, les élèves qui ont en théorie le plus de mérite mais qui ont surtout en fait le plus de capital culturel, décrochent un diplôme tandis que les moins favorisés ont plus de chance de sortir du système éducatif sans diplôme. La théorie de Pierre Bourdieu a été démontrée statistiquement par l’Insee. Selon l’Insee, la catégorie socioprofessionnelle des parents influence sur le diplôme que les élèves peuvent obtenir dix ans après l’entrée en sixième. Parmi les élèves entrés en sixième en 2007, 19 % des enfants d’ouvriers non qualifiés n’ont pas obtenu de diplôme du secondaire dix ans plus tard, et c’est le cas de 38 % des enfants de parents sans emploi. À l’inverse, cette proportion n’est que de 4 % chez les enfants de cadres, professions libérales et chefs d’entreprise. Ainsi, les sciences humaines et sociales peuvent nous permettre d’accéder à la vérité car elles nous permettent de mieux comprendre comment nous fonctionnons ; en d’autres termes, elle donne nous la capacité de ne pas être étrangers à nous-mêmes.

Bien que la science soit un domaine capable de nous éclairer sur divers phénomènes, nous donnant un accès considérable à la vérité, certains domaines sont bien loin de la simple rigueur scientifique et il serait réducteur de penser qu’il n’existe que des vérités scientifiques.

Néanmoins, d’autres disciplines nous permettent-elles d’accéder à la vérité? Bien que la science soit capable de nous donner une grande partie de la vérité, des disciplines telles que la littérature et l’art sont elles aussi en mesure de nous transmettre la vérité. Notamment par le biais de la littérature, les auteurs peuvent exposer des vérités sur eux-mêmes et les lecteurs peuvent accéder à des vérités sur le monde. Grâce à l’autobiographie, certains auteurs tentent de façonner une image de soi qui est la leur, en livrant à leurs lecteurs un récit authentique de leur vie. Par exemple, Rousseau dans son ouvrage Les Confessions, va se justifier auprès de ses semblables et répondre aux nombreuses accusations dont il a été victime. Chacune de ses confessions sont l’occasion pour l’auteur de se livrer à une analyse plus poussée sur lui-même. En plus de décrire les sentiments qui l’anime, Rousseau cherche à les analyser. Il éprouve la nécessité de rechercher en lui-même sa propre vérité. Il ne veut pas rester étranger à lui-même et tourner le dos à sa propre réalité. De plus, avec l’autobiographie, les auteurs peuvent mettre à nu leurs sentiments les plus personnels et les plus intimes, leur ressenti sur une expérience passée, ou encore leur vécu par rapport à drame psychologique qui a pu les marquer. Ça a été le cas de Victor Hugo qui, dans une autobiographie poétique nommée Les Contemplations, a exprimé la douleur qu’il a ressenti à la suite du décès de sa fille Léopoldine, qui s’est accidentellement noyée dans la scène. La poésie est la première expression littéraire que l’humanité a inventée pour transcender le réel. Dévasté par la perte de sa fille et confronté à la douleur du deuil, Victor Hugo a donc écrit sur le papier ses plus profonds sentiments de désespoir et le chagrin que lui a causé le décès de son enfant. Autre qu’un exécutoire permettant aux auteurs de se dévoiler à leurs lecteurs de manière véritable et sincère, la littérature permet aux lecteurs de prendre conscience du monde qui les entoure. De nombreux auteurs ont critiqué certains aspects de la société afin de dénoncer une situation qui les dérange mettant ainsi la littérature engagée sur le devant de la scène. Les auteurs usent donc de la littérature comme une arme pour dénoncer les vices de la société. Par exemple, dans La rue qui nous sépare, Célia Samba a mis en scène une relation amoureuse entre une étudiante et un sans domicile fixe pour sensibiliser les jeunes à la précarité que certains ou certaines connaissent. L’autrice offre donc à ses lecteurs un roman traitant des disparités sociales qui régissent la société. Elle a mis en lumière ce sujet, de la manière la plus réaliste possible, pour représenter les difficultés, les dangers ainsi que la solitude auxquels font face les personnes sans domicile fixe. Ces romans engagés, qui mettent au centre de la littérature des questions sociales importantes, énoncent des vérités de faits qui sont les inégalités sociales. Célia Samba a donc dénoncé l’injustice et l’iniquité qui sont les fondements de la société, dénoncé le quotidien déplorable et outrageant que supportent toutes ces personnes sans domicile fixe, le mépris auquel elles sont confrontées et le sentiment d’infériorité omniprésent qui les accablent, faisant de son roman un miroir de notre société.

De surcroît, l’art est également un autre domaine révélateur de la vérité. Loin d’être seulement un divertissement destiné à plaire, l’art permet à l’homme d’accéder à certaines vérités sur lui-même et sur le monde. Ceci suppose que l’art ne se réduise pas à n’être qu’un monde fait d’illusions, nous éloignant de la réalité mais qu’il soit un « dévoilement », une expression empruntée à Henri Bergson. Les œuvres d’art nous parlent d’abord de la vie des créateurs : leurs vies intimes se dévoilent à travers elles. L’art peut faire apparaître la richesse et la profondeur d’une personnalité, son histoire ainsi que sa psychologie. Par l’intermédiaire des arts visuels et plus particulièrement grâce à la peinture, Frida Kahlo, une artiste mexicaine du XXème siècle, a pu exposer au grand public une part d’elle même, une part de sa vie et ses œuvres d’art sont très largement inspirées de ses expériences personnelles ; elle expose des vérités sur elle-même. Par exemple, « La colonne brisée » un autoportrait qui a été réalisé en 1944 témoigne des grandes souffrances de l’artiste. A la suite de son accident, elle va subir de nombreuses opérations chirurgicales, notamment une à la colonne vertébrale. Lorsqu’elle réalise ce tableau, elle recommence à porter un corset pour soulager ses douleurs. Cette peinture exprime la douleur physique liée à son accident, on peut le remarquer par les clous recouvrant son corps qui accentuent la sensation de souffrance. Sur son tableau, on voit son corps nu, et on pourrait supposer que ce dernier est prisonnier de cette souffrance physique qui la contraint à ne plus pouvoir faire certaines choses puisqu’à la suite de son accident, elle ne pourra plus avoir d’enfants. Son corps subit sa propre paralysie causé par cet accident. On peut également remarquer les larmes qui coulent sur son visage, qui représenteraient la douleur émotionnelle occasionnée par sa séparation avec Diego Rivera.

Par ailleurs, la vérité peut aussi se manifester et trouver sa légitimité dans le domaine de la philosophie. En effet, il pourrait exister des vérités philosophiques et plus particulièrement des vérités morales. Le philosophe René Descartes a démontré, dans les Principes de la philosophie, que le concept de liberté s’imposait à nous avec une nécessité, qu’un effort intellectuel n’était pas requis pour le comprendre et que cela était une évidence. Descartes écrit à ce sujet, dans Discours de la méthode : "Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connaisse évidemment être telle et ne rien comprendre de plus en mon jugement que ce qui se représenterait si clairement et si distinctement en mon esprit que je n'eusse aucune occasion de la mettre en doute". Cela veut dire que l’évidence doit être considéré comme un critère de vérité. L'évidence est l’idée qui apparaît avec une telle clarté et une telle distinction qu’elle s’impose nécessairement à l’esprit. Et ce qui est évident pour ce philosophe, c’est que la liberté est un droit fondamental dont tous les hommes devraient pouvoir jouir, surtout le libre arbitre, c’est-à-dire cette capacité que nous avons de pouvoir choisir indifféremment une chose ou son contraire, le bien ou le mal, une chose ou une autre…La liberté repose donc sur le pouvoir que possède notre volonté de se déterminer elle-même, le fait de vouloir ou bien de ne pas vouloir. A travers cette thèse philosophique, nous pouvons facilement affirmer que certaines actions peuvent être moralement condamnables et qu’il existe bel et bien des vérités morales. Le viol, par exemple, pose des problèmes sérieux en terme d’éthique et de morale. Par exemple, dans un couple, si le partenaire A désire avoir un rapport sexuel avec le partenaire B, le partenaire B refusant l’acte sexuel (parce qu’il n’en a tout simplement pas envie) mais que le partenaire A n’en prend pas compte et que l’acte sexuel se produit, sans le consentement des deux partenaires, il est question d’un viol. Le partenaire A n’a pas respecté la volonté du partenaire B, celle de ne pas avoir un rapport sexuel, et pour le partenaire B, sa liberté se voit ne plus lui être accordée. En cela, le viol s’impose comme un acte répréhensible, comme moralement condamnable car lorsque cet acte vient à se produire, le consentement n’est pas respecté et on prive donc les personnes de leur liberté, on leur ôte leur liberté de pouvoir dire « non ». Ainsi, parce que la liberté est une évidence, comme a pu le faire constater Descartes, et que tous les hommes sont en mesure de pouvoir jouir de cette liberté, de pouvoir dire non, mais que le viol ne permet pas aux individus d’être libres, le viol est blâmable. Il paraît alors évident que la punition du viol s’impose comme une vérité morale.

Enfin, la notion de vérité peut prendre tout son sens dans la discipline historique. La vérité est quelque chose d’essentiel et de fondamental pour l’historien, qui joue un rôle crucial dans la découverte de la vérité. Chercher et fournir aux citoyens la vérité sur les évènements historiques, ce qu’il s’est passé à telle ou telle période de l’histoire est un impératif de l’historien pour donner leur donné la possibilité de s’instruire en toute liberté et d’acquérir des connaissances. Lorsqu’il est question de massacres ou de génocides, il est encore plus important de dire la vérité sur les actes commis car cela enseigne les générations futures, qui perpétuent le devoir de mémoire au moment de la disparition des témoins. La Shoah, par exemple, est un fait historique vérifié et considéré à ce jour comme l’une des plus grandes tueries de masse qu’a connu le XXème siècle. A leur retour de leurs camps ou des années après, des déportés ont pu témoigner de l’horreur des camps, de qu’ils avaient subi et de ce qu’avait été ce génocide, donnant ainsi à voir l’ampleur des crimes perpétrés par les nazis. Ce génocide s’inscrit désormais dans les mœurs et après une lutte acharnée contre le négationnisme, personne ne se permettrait de remettre en question l’authenticité de cet évènement historique. Toutes les personnes qui nient l’existence de ce génocide se retrouvent punies par la loi. Contre « les assassins de la mémoire », il est possible en France (la loi Gayssot le permet) de punir ceux qui nient l’existence des chambres à gaz par exemple, ce qui montre la force de ce fait historique de la véracité qui en découle.

De nombreuses disciplines peuvent nous donner accès à la vérité par des moyens, des méthodes et des procédés qui leurs sont propres. Toutefois, affirmer qu’une ou plusieurs disciplines se poseraient en garante de la vérité et qu’il existerait une vérité absolue reflète un idéalisme.

Finalement, la vérité n’appartient à personne et aucun individu ne peut prétendre se l’approprier. En ce qui concerne la science, elle n’a qu’un monopole partiel de la vérité car des erreurs peuvent naître des démarches scientifiques. Il y a déjà eu de nombreux scandales sanitaires qui ont montré que la science n’était pas en mesure de protéger les individus, voire qu’elle pouvait les mettre en danger. L'une des erreurs les plus marquantes de la pharmacologie moderne fut l'utilisation de la thalidomide. Cette molécule a été prescrite durant les années 1950 dans 46 pays aux femmes enceintes comme médicament antiémétique pour contrer les vomissements et les nausées. Ses effets tératogènes sur l'embryon ne furent mis en évidence qu'après plusieurs années d'utilisation faisant des milliers de victimes atteintes de phocomélie, révélant ainsi de graves lacunes dans le protocole lié à la pharmacovigilance des médicaments à usage humain et conduisant au retrait du produit. Par le biais de scandales sanitaires, la science montre ainsi l’étendue de ses faiblesses et de ses imperfections, montrant aussi que ce n’est parce que la science, dans la plupart des cas, peut nous donner la vérité, qu’elle ne peut pas commettre des erreurs, des erreurs qui ont des impacts directs sur les individus.

D’autre part, les vérités scientifiques peuvent toujours être remise en cause. La théorie de Karl Popper qui porte le nom du falsificationnisme, démontre que l'on ne peut jamais être certain de la vérité d'une théorie scientifique puisqu’il y a toujours un degré d'incertitude qui la caractérise et elle peut être remise en cause par une découverte nouvelle. La science progresse vers la vérité mais par élimination des fausses hypothèses, par erreurs rectifiées. Il n'y a donc pas de manifestation de la vérité mais seulement de la fausseté. La connaissance existe mais elle n’est jamais définitive. Même en science où nous pouvons faire des découvertes le savoir doit se réviser perpétuellement et ne jamais se figer en certitude. Finalement nous progressons vers ce qu'il y a à connaître sans jamais pouvoir être certain que nous sommes dans le vrai. Par exemple, les théories de Newton ont été remises en question par Einstein et les théories de Einstein ont elles-mêmes été remises en cause. De plus, le savoir absolu n’est pas à la portée de l’humain et ni nous détenions déjà la vérité absolue, nous ne chercherions pas à devenir meilleur en apprenant de nos erreurs, nous ne chercherions plus à faire progresser le savoir scientifique.

Enfin, nous ne pouvons pas affirmer que la science ou tout autre discipline a le monopole de la vérité car cette idée renforcerait le dogmatisme de certains. Un dogmatique, par définition, est une personne qui exprime ses opinions de manière péremptoire et qui détruit d’avance toute objection. Une personne dogmatique ne remet jamais rien en cause et n’accepte pas la critique. En concevant une vérité absolue et en s’enracinant dans des croyances qui peuvent virer à l’obsession, certains individus pourraient s’imposer comme des « tyrans du savoir », le risque étant que certaines personnes aient l’envie d’imposer leurs idées, leur manière de penser, leurs convictions et leurs opinions sans prendre en compte celles des autres. Les groupes terroristes par exemple, qui n’ont que la religion comme idéal, commettent des actes répréhensibles comme des attentats, le plus célèbre étant celui du 11 septembre 2001 aux États-Unis, et nous imposent leur manière de voir le monde. Cela peut également mener à des dérives sectaires, des personnes qui encore une fois, mettent la religion au centre de tout et portent atteinte à l’ordre public.

En définitive, le domaine de la science a pu, au cours de l’histoire des sciences, nous dévoiler une grande partie de la vérité grâce à des démarches et des expériences rigoureuses opérées par les scientifiques, nous donnant ainsi à voir le monde tel qu’il est, établissant une limite entre l’opinion et le savoir, entre la doxa et l’épistémè. Même si les vérités scientifiques sont les plus répandues, il existe également des vérités qui ne se rattachent pas au domaine de la science ; il existe des vérités littéraires, artistiques, philosophiques et historiques qui peuvent également nous en apprendre beaucoup sur le monde dans lequel nous vivons. Cependant, il semblerait que la vérité absolue n’est rien d’autre qu’un mythe, qu’une illusion. La vérité n’est pas absolue puisqu’elle renforcerait le dogmatisme de certains. Nous ne pouvons pas être certains d’être dans le vrai définitivement et tout le temps, car la science a encore beaucoup de secrets à nous dévoiler. La science est en plein essor et tente encore et toujours, par tous les moyens qui sont à sa disposition, de faire progresser le savoir.

Article écrit par Éric Chevet